vendredi 24 janvier 2014

INTERVIEWS DE MGR L'Evêque


A CŒUR JOIE AVEC L’ORDINAIRE DU LIEU

TETE A TETE AVEC SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR L’EVEQUE

NESTOR NGOY KATAHWA

 

1.      Quiproquo : Pouvez-vous, Son Excellence Mgr, avoir l’amabilité de vous présenter à     nos lecteurs ?

      Réponse : Je m’appelle : Nestor Ngoy Katahwa. Je suis né le 24 mars 1943 dans le    Territoire de Kongolo, au Nord du Katanga. J’ai été ordonné Prêtre le 23 août 1970. Après mon ordination, j’ai travaillé trois ans comme vicaire de paroisse, puis j’ai été envoyé à Rome pour des études de spécialisation. J’ai ainsi étudié à l’Université Pontificale Salésienne, d’où je suis sorti avec un Diplôme de Docteur en Sciences de l’Education. C’est alors que j’ai été nommé au Grand Séminaire Interdiocésain St Paul de Lubumbashi où j’ai travaillé pendant 9 ans, de 1981 à 1989, d’abord comme Professeur et ensuite comme Recteur.

Le 8 decembre 1989 j’ai été nommé Evêque de Manono et mon ordination épiscopale ainsi que ma prise de possession du siège ont eu lieu le 26 février 1990, en la Fête de Saint Nestor. Au bout de 11 ans j’ai été transféré de Manono à Kolwezi et c’est le 25 mars 2001 que j’ai commencé à travailler dans ce Diocèse.

 

2.      Q : Quel est l’état des lieux spirituel du Diocèse de Kolwezi ?

      R : Du point de vue spirituel notre Diocèse se porte bien. On voit chez les fidèles beaucoup de ferveur et d’engagement, ainsi leur foi se manifeste dans leurs œuvres (Jc 3, 14-26). Vous avez vu, en  2012, lorsque  j’ai annoncé que j’allais ériger de nouvelles paroisses, les chrétiens s’étaient mobilisés pour fournir équipement et mobilier pour ces nouvelles paroisses : des Motos, des vélos, des lits, des matelats etc… Moi-même  j’en étais très agréablement surpris. A la clôture de l’Année  de la Foi, le 24 novembre 2013, les fidèles ont apporté en offrandes des chaises pour le Domaine Marial : on a eu plus de 650 chaises en plastiques. Ce sont là des signes visibles qui nous parlent de la bonne santé spirituelle du peuple de Dieu.

 

3. Q : Lors de votre avènement à la tête du Diocèse, vous n’avez pas voulu obéir au rituel protocolaire du Diocèse qui voulait vous recevoir avec honneur à partir du Lualaba, peut-on en connaitre les raisons de ce refus ?

     R. : Oh! Que vous avez une bonne mémoire pour remonter à un événement aussi lointain!

            Effectivement, je ne voulais pas marquer une sorte d’ « entrée triomphale » à mon arrivée dans le Diocèse. Et si j’avais donné d’avance mon programme, je savais que personne n’allait l’accepter; c’est pourquoi j’ai dû agir comme par surprise. Et ce n’était pas la seule singularité qui a marqué mon arrivée à Kolwezi : au grand repas de Fête, j’avais demandé que soient également invités des représentants des «  Enfants de Rue et des Handicapés ». Et tout ce qui avait été offert pendant la Messe d’Intronisation a été distribué aux nécessiteux : malades, prisonniers, vieillards etc. Tout cela se situe dans la  ligne de la vision que j’ai du ministère qui m’a été confié par le Seigneur. Regardez mon blason : vous voyez une représentation du Bon Pasteur surmontée par une couronne d’épines qui saigne, alors qu’habituellement c’est une forme de chapeau avec deux banderoles qu’on y trouve. Cette couronne d’épines est une expression de la Glorification du Christ sur la Croix, comme le Seigneur lui-même en parle en Jn 3, 14; Jn 12, 23-33.

Il est vrai qu’en 2001, beaucoup de gens ne pouvaient pas comprendre mon geste, et cela avait donné lieu à de libres commentaires en tout sens. Mais aujourd’hui, à la lumière des gestes du Pape François, les gens commencent certainement à voir les choses autrement.

 

4. Q. :   Quelles sont les relations avec les autorités Politico-administratives ?

    R. : Mes relations avec les Autorités de l’Etat sont bonnes. Il est vrai que, personnellement, je ne suis pas très expansif; c’est une question de tempérament. Sinon nos rapports sont bons. Le Diocèse a toujours eu des autorisations  pour organiser des manifestations religieuses publiques comme les pélerinages au Domaine Marial, le chemin de croix à travers les rues de la ville. Nous avons reçu de Maman le Maire en 2013 des ornements de Messe pour tous les prêtres du Diocèse. Voilà des signes éloquents.

           

5. Q. : La Radio MALKIA ne se fait pas sentir sur la ville. Quelles sont les raisons selon vous ?

    R. : Tout d’abord, je vous remercie sincèrement, Mr Mutonkole, pour votre intérêt à l’égard de notre Radio diocésaine, l’intérêt qui vous a conduit à y effectuer tout un Stage académique. Je vous redis ici que j’ai tiré un grand profit des considérations contenues  dans votre rapport de Stage.

Ceci dit, je reconnais que la Radio MALKIA est confrontée à beaucoup de difficultés. Au point de départ, vous savez qu’elle a été réalisée par des techniciens locaux avec du matériel de récupération trouvé sur place. Plus tard, nous avons bénéficié de dons par ci, par là. Ainsi donc, du point de vue technique, nous utilisons un Emetteur déjà amorti qui n’a pas la performance  des appareils numériques. Quant au personnel, nous recourons aux prestations  de volontaires, qui ont bien sûr la bonne volonté, mais peut-être pas toujours le professionalisme. Le manque d’une motivation financière fait aussi que des bonnes volontés se découragent assez vite.

A un moment nous avons eu recours à des cotisations de fidèles. Mais cela est tombé  en désuétude par manque de suivi. Nous avons certainement à y revenir, tout comme nous sollicitons la bienveillance de Bienfaiteurs. Car cette œuvre étant essentiellement consommatrice, nous devons trouver des fonds  pour la faire vivre.

 

6. Q. : En quoi l’Eglise Catholique est engagée dans le développement de la ville et dans la vie intégrale de l’homme ?

     R. : L’Eglise Catholique est visiblement très engagée dans le développement de la Ville et de la vie intégrale de l’homme. Vous n’avez qu’à recenser le réseau des Ecoles que nous gérons : maternelles, primaires, secondaires et professionnelles, où près de 60% des élèves ne sont pas catholiques. Il y a aussi des centres de santés ouverts  à toute la population de Kolwezi et dont les soins sont très appréciés. Nous avons accueilli depuis bientôt deux ans la Congrégation des Sœurs du Bon Pasteur qui s’occupent spécialement de la réhabilitation sociale et économique des femmes, filles et enfants laissés pour compte.

Notre structure Caritas-Développement est fortement engagée dans l’encadrement des paysans dans les villages d’alentour, l’alphabétisation de femmes et leur formation  à l’autonomie  financière, le soutien aux victimes du VIH, la construction et l’emplacement d’infrastructures dans nos cités : marché, adduction d’eau etc. La commission diocésaine Justice et Paix travaille à l’éducation civique et à la résolution de conflits aussi bien entre individus qu’entre communautés.

           Que dire de l’éveil de l’identité de Kolwezi comme Mariaville avec la grande commémoration que nous organisons chaque année le 13 mai, la date du début de la Guerre de six Jours en 1978, que Kolwezi ne devrait jamais oublier!

 

7. Q. : Comment, Excellence Mgr l’Evêque, vous expliquez-vous les démissions volontaires de quelques Abbés du Diocèse de Kolwezi enregistrées ces derniers temps ?

     R. : Vous touchez là un aspect très douloureux de la vie de notre Diocèse.  Malgré les tentatives intenses de les retenir, trois confrères ont décidé d’eux-mêmes de quitter le ministère sacerdotal. Mais quand nous y regardons de plus près, nous devons nous rappeler que le Saint-Père avait décrétée une Année du Sacerdoce qui s’étendrait de juin 2009 à juin 2010. L’Eglise Catholique était invitée à prier pour ses prêtres. Nous pouvons ainsi lire ces départs volontaires comme un effet des grâces de l’Année Sacerdotale.

 

8. Q. : Nous vous voyons depuis un temps envoyer les prêtres du Diocèse faire les études non théologiques. Avez-vous un projet particulier ?

    R. : Il n’y a pas de projet particulier, mais il y a une vision d’ensemble de la vie et des besoins de notre Eglise locale. Avec les questions que vous venez de poser ci-haut, vous vous rendez compte que le Diocèse doit faire face aux situations sociales qui se présentent à lui. Il doit donc pouvoir y répondre de manière efficace. Nous avons ainsi des Abbés Ingénieurs en Construction, en Agriculture et Elevage, en Electromécanique, Techniciens en Sciences de l’Information, en Enseignement, en Marketing, ainsi de suite.

 

9. Q. : Et la déperdition de la vocation ne vous inquiète pas ?

    R. : Bien sûr que je suis très préoccupé par le phénomène de la diminution de futurs prêtres en formation, alors que nous avons un petit séminaire que nous gardons jalousement. Cette année, si tout va bien, nous n’aurons qu’un seul nouveau Prêtre pour le Diocèse. Au grand séminaire, dans les quatre promotions, nous n’avons que 6 étudiants et 2 seulement sont en stage. Parmi les finalistes du petit séminaire, beaucoup ne demandent pas d’aller au grand séminaire. Et même de ceux qui sont admis en Propédeutique, certains s’éclipsent au moment de l’entrée. Je crois que l’appât des « Mining » et la prospérité économico-sociale de Kolwezi y sont pour beaucoup.

            Toutefois, les raisons d’espérer ne manquent pas : Cette année nous avons 6 jeunes gens en Propédeutique et 10 en 1ère  année de Philosophie.

 

10. Q. : A quand la nomination du Vicaire du Diocèse ?

      R. : Mgr Christophe Remb a travaillé pendant 11 ans comme Vicaire Général et maintenant, par l’effet de l’âge, il a eu droit à l’Emeritat. Pour le moment je regarde encore l’éventualité de son remplacement.

 

11. Q. : Avez-vous un dernier message à adresser aux fidèles du Diocèse ?

      R. : Ce que je peux dire au Peuple de Dieu c’est qu’il continue à grandir dans la foi comme il en donne déjà  des signes. Qu’il comprenne de plus en plus que ce sont les fidèles qui constituent le corps de l’Eglise. L’Evêque et les Prêtres sont à leur service et ils sont passagers, tandis que les fidèles sont permanents dans les paroisses et les communautés. C’est pourquoi ils sont invités à être toujours plus actifs dans la vie de l’Eglise et à la prendre en charge.

 

           

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